La complexité du pène dormant.

Il y a quelques jours j’étais sous l’emprise de la déco.

Depuis peu, je suis sous l’emprise de la réno.

Je suis montée en gamme si vous voyez ce que je veux dire.

Lorsque l’on rénove une pièce c’est fou cette envie irrésistible de faire le vide.

Hier, j’ai attendu la fin de la journée pour jeter une couette dans son grand sac en plastique. Le prix d’une prestation au pressing c’est presque la moitié du prix d’une neuve.

Quelle société! Et l’idée d’aller à la déchetterie, ça me disait moyen.

Telle une juive sous l’occupation allemande et qui veut passer en zone libre, j’ai attendu le moment propice pour jeter la couette à la poubelle. Pas de taxi garé devant chez moi? C’est bon! Ceux là doivent penser que quelque chose se trame à l’intérieur de l’immeuble depuis qu’ils me voient depuis plusieurs jours, sapée  d’une blouse de peintre ou de jean’s boy friend.

A quand la salopette?

Et puis il y a mon voisin, le dandy. Il aime l’ordre, le respect des règles. Tout ça.  C’était surtout lui que je voulais éviter. En déposant la couette entre les poubelles je suis tombée nez à nez avec le dandy.

La vie est une pute parfois.

-Alors on débarrasse? M’a t’il balancé.

Je l’ai pris par le bras et je lui ai fait voir mes travaux dans la cage d’escalier. Du coup il m’a dit que j’en avais sous la tignasse. Je lui ai raconté que j’étais sous l’emprise de la déco et depuis peu sous l’emprise de la réno et que je jetais pas mal de choses pour reconquérir l’espace. On paie des impôts en fonction de sa surface habitable, non? alors si on entasse pour avoir un chez soi plus petit, je dis qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.

J’ai jeté un grand sac de médicaments. Des médicaments périmés. Le dandy m’a dit qu’à un moment donné de son existence il prenait 24 médicaments par jour!

Respect, j’ai envie de dire.

J’ai fait du tri dans mes shoes. Je me demande si ça a du sens de conserver des running de 10 ans d’âge et usées. Des baskets avachies, des chaussures transparentes  jaunies, des petits porte-manteaux, vous savez ceux qui sont vendus avec la lingerie, du papier bulles parce que ça peut servir alors que ça ne sert pas, un blouson de cuir avec des miasmes sur le col…

Allégée, j’ai voulu réparer une serrure. Je ne sais pas ce qui se passe chez moi mais pas mal de serrures sont en délicatesse. J’ai décidé d’y voir plus clair et je me suis rendue compte que le jour était ENFIN arrivé. Le jour ou j’ai besoin de mes cours de techno. Toujours hilare en cours, il y a beaucoup de choses qui me sont passées par dessus la tête, je dois le confesser. Pourquoi s’emmerder à comprendre le mécanisme de la targette à pène plat lorsque l’on veut devenir peintre/écrivain/publicitaire/décoratrice/ Donna Summer/styliste de mode et coiffeuse?

Hein, franchement?

Au crépuscule, j’ai cherché des plans de serrure sur le web, histoire de comprendre le fonctionnement. C’est vrai quoi, nous les femmes, dans le domaine du bricolage on a quelques lacunes. C’est pas que l’on aime pas ça, c’est que l’on a pas les compétences. Vers minuit j’ai su que j’avais coincé le pène dormant avec de la peinture et qu’au mieux je dois sortir la gâche de la porte.

Pas facile.