Beau parleur.

 

“J’observais le chaos autour de moi et en conclus que c’était le résultat non pas de la malveillance mais de la stupidité. Boire à en perdre le contrôle était stupide. En venir aux mains pour un rien aussi. Recourir à la violence quand vous étiez à court de logique était stupide, de même que passer vos journées à déplacer des objets lourds, applaudir une bande de brutes en uniforme ou croire que la vie a pour but ultime l’acquisition d’un tracteur à pelouse. Tout aussi stupide. Mon mépris se mua bientôt en pitié. En pitié et en perplexité. Il devait forcément y avoir mieux quelque part. Il devait y avoir un monde plus vaste que celui coincé entre la route 77 et une rivière boueuse même pas bonne pour la pêche. Je m’en rendais compte et je n’étais qu’un enfant. Pourquoi personne ne s’en rendait compte ? Ils en étaient incapables, et puisque je n’avais aucun espoir de le leur faire comprendre, il fallait que je m’en aille si je ne voulais pas risquer de devenir comme eux. ”

Beau parleur. Jesse Kellerman.